La Gifle

"La gifle", quadrilogie, est un ensemble de quatre textes écrits entre le 30 mars et le 6 avril 2013.

 

REVERIE 

Je suis la fille qui ne parle pas. Je suis celle qui rit aux blagues racontées, qui sourit aux jeux de mots lancés. J'acquiesce. J'obtempère. Je me laisse faire. Vous me jugerez inintéressante, presque asociale. Vous vous direz que c'est une fuite, de vous ou, bien pire, de moi-même. Vous penserez que je m'ennuie ou encore que je suis préoccupée. Quand je serai partie, vous argumenterez sur ma solitude inexorable, probablement. Pesante, assurément. Vous constaterez mon manque de style, de conversation, de culture, d'ouverture. De profondeur aussi. Plaisanterez sur celle de mon décolleté. Sûrement.

 

Détrompez-vous. Avec vous, je me plais.

C'est tout simplement que je préfère me noyer.

Dans ses yeux.

Couleur café.

 

Comment peut-il se douter que dans ma tête se percutent mille envies, mille désirs ?

Comment peut-il se douter que son sourire mutin m'inspire mille baisers ?

 

 

CETTE NUIT-LA

 

Allongée à tes côtés,

La respiration suspendue

Et le cœur bouleversé

L’envie de t’effleurer

M’a affolée.

 

Cette nuit-là,

Face à toi,

J’ai souri

De t’entendre soupirer.

Mon doigt a survolé

La peau de ton bras,

Egaré près de mon oreiller.

 

Cette nuit-là,

Tout près de toi,

Je n’ai pas osé.

Au petit matin,

J’ai fait comme si

Je l’avais juste rêvé.

 

 

L'AVEU 

 

Sur ta couche improvisée,

Face à toi, prendre appui.

Dans tes yeux, voyager,

Effrontée.

Sur ton nez, t'embrasser,

Taquine.

Prolonger l'instant aérien,

Câlin, par une caresse féline.

Dans tes cheveux,

Glisser mes mains

Et t'attirer,

Là, contre moi.

Te respirer, t'embrasser,

Là,

Près de l'oreille à laquelle,

Je murmure ces mots,

Que tu n'attends pas.

 

 

L'INSTANT

 

Brume dominicale.

Epaules frôlées,

Yeux baissés,

Sourire troublé,

Mains dans les poches,

Mes pas dans les tiens,

N'oser aucune approche.

 

Prendre la fuite

Sur le trottoir d'en face.

Rire embarrassé,

Pas empressés,

Promenade parallèle

Contact visuel.

 

Soudain,

 

Perdre la tête,

Glisser ma main

Dans la tienne.

Courir, s'enfuir,

Se réfugier

Quelques minutes

Derrière cette porte.

Effleurer alors tes lèvres

De mes doigts tremblants.

Ne pas parler.

Surtout,

Ne pas parler.

 

T'embrasser

Te regarder.

Te caresser.

T'embrasser encore.

 

Oublier.

Oublier le jour, l'heure

Et t'aimer là,

Oui, là, en partie,

Juste un début,

De « toi et moi »

Inattendu.

 

Devant la porte,

Sourire forcé,

Regrettant déjà

Cet instant

Que je ne t'ai pas donné. 

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