Portrait de Famille

Ce texte a été nominé au concours « Livres en tête », organisé par ShortEdition, éditeur numérique de textes courts, (http://short-edition.com/prix/livres-en-tete-2013/nomines) en collaboration avec Les livreurs (http://www.leslivreurs.com/index.htm), édition 2013.

 

Il concourait pour le thème érotico-pornographique "Sonore et gomorrhe"avec une contrainte de 400 mots maximum pour chaque nouvelle.

Ces repas de famille m’ont toujours semblé insupportables. Je joue le rôle de l’épouse parfaite et docile. Forte de quinze années de faux-semblants,  je simule l’euphorie à l’annonce d’une grossesse, m’exclame à celle d’une promotion, ou encore, sanglote au décès d’un ami de mes beaux-parents, un quidam fréquenté une fois. Deux, peut-être. Des moments de vie, comme mon mari les appelle. Balancés entre le gigot et le roquefort par les membres de sa famille, me considérant, depuis toujours, comme la potiche inculte de « l’éminent docteur Lenoir », aîné d’une fratrie de 6 gosses pédants, racistes et extrémistes. Mais, si j’encaisse depuis toutes ces années ces inepties, c’est uniquement à la perspective de la baise systématique qui suit le départ de ces cafards. Une aubaine dans cette mascarade conjugale bénie par le Saint-Père.

La porte à peine refermée, il m’entraîne vers le salon où flotte encore l’odeur âcre des cigares. Impudente, je glisse dans ma bouche, ses majeurs et index, percutant le fond de ma gorge en profonds mouvements de va-et-vient. Puis, guidant ses doigts trempés vers ma toison ambrée, je viens lécher sa joue. Ma langue, audacieuse, prolonge la caresse jusqu’à son oreille : «Prenez-moi. Baisez-moi. Je suis votre pute, votre salope, votre chienne. Votre égérie. Celle qui vous inspire. Celle qui jouit de vos humiliations. »

Il me retourne et me plaque contre le dossier du canapé puis, s’agenouille. Je sens son souffle survoler mes fines chevilles, ses lèvres frôler mes cuisses satinées, enfin déguster ma chatte, bijou luisant dans l’écrin formé par mes jambes serrées. Son nez, sa langue me fouillent, tandis que son pouce s’aventure dans mon cul. D’une main, il dégrafe son pantalon, et introduit sa queue profondément en moi. De l’autre, il me bâillonne, si fort que je respire à peine. Ses doigts filent sur mon cou. Serrent. Plus fort. La tête me tourne. Ses mots acerbes me parviennent à peine. Les couleurs des tentures de la pièce semblent se délaver. Mon regard se pose sur les photographies au-dessus de la cheminée. Nous formons, en définitive, une belle famille. Je m’attarde sur la première de la série : mon époux et son frère jumeau. Inséparables. Indissociables, vêtus à l’identique, comme d’habitude. Souriants. Semblant jouir de la scène qui se joue à l’instant. Submergée par l’orgasme, je m’évanouis en me demandant qui, des deux, m’a baisée ce soir. 

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