Crime et Châtiment

Les champs d’éoliennes défilent à toute vitesse sous mes yeux. Je perçois leurs signaux rouges dans le crépuscule. Je me cale contre la vitre. Les évènements des 48 dernières heures m’ont épuisé.

La porte du compartiment s’ouvre. Je prépare déjà mon argument pour justifier mon absence de billet. Mais l’homme qui rentre n’a rien d’un contrôleur, il est vêtu de noir. Sans me regarder, il s’installe en face de moi. Son grand chapeau tout rapiécé dissimule son regard. Un malaise s’installe. Je relève le col de mon manteau de mes mains ensanglantées.

L’odeur pestilentielle envahissant les lieux me rappelle la nuit dernière. La nausée me retourne l’estomac. Je voudrais sortir. L’homme reste parfaitement immobile et moi cloué sur le velours du siège élimé.

Je baisse la tête mais je ne résiste pas bien longtemps. Mon regard croise celui de l’homme. La banquette s’effondre alors sous mes fesses, elle se creuse et m’aspire. 

Il m’aura fallu plus de sept heures pour tuer et découper Noémie. Il aura fallu sept minutes au démon pour me retrouver, une pour me dévorer.